Események betöltése

Nagy Niké kiállítása – Miquèu Montanaro és Móser Ádám zenéjével

2018. 04. 24.. 19:00 - 23:00

Leírás

A magyar származású, Franciaországban élő Nagy Niké első kiállítása Szentendrén. A koncerthez csatalakozó koncerten Miquéu Montanaro és Móser Ádám – tangókat játszanak. Várjuk szeretettel!

NAGY Niké

LE VOYAGE COMME METAPHORE

De la Hongrie à la Provence, de la Provence au Soudan, du Soudan à Cuba, de Cuba au Maroc, du Maroc à l’Autriche, de l’Autriche à la Slovaquie, de la Slovaquie à l’Iran, de l’Iran à l’Italie, de l’Italie au Burkina, tel un improbable collier de perle défait, l’œuvre picturale de Nagy Niké tient de la métaphore mélancolique et de la quête grave d’un voyage absolu. Comme au XIXème siècle les artistes et les intellectuels se lançaient dans le vertige du Grand Tour, Nagy, la hongroise devenue provençale, s’est lancée à cœur perdu dans un périple romantique et salvateur. Un Grand Tour réinventé. Immensément long, immensément jeune, immensément personnel. Confrontation directe avec le rêve. A la manière de ces préraphaélites anglais ou de ces futuristes italiens, vestiges de siècles absents désormais, elle ouvre les yeux sur un ailleurs situé quelque part dans l’histoire. A chaque pays ses héros. A chaque traversée son aventure. A chaque rencontre son émotion et sa série de tableaux. Rien du vestige. Tout du signe.

Et les périodes vont se succéder. Autant de vies. Autant de flash-back. Autant de dialogues rudes ou tendres parfois, avec la mémoire de l’instant. Comme le reflet insigne de la pluie sur ces lacs lointains qu’elle retrouve certains jours d’atelier solitaire.
De Jackson Pollock à De Chirico, sans relâche, son cœur et son pinceau vacillent et la palette se fait ombre ou lumière sur la toile. Restituant la malédiction du Burkina de Thomas Sankara ou le Soudan des poètes anciens. Donnant aux à-plats une étrange perspective. Usant de la géométrie comme d’une grammaire esthétique. Définissant avec une incroyable gravité d’annunzienne un panorama désabusé de la jeunesse qui s’en va.

De l’abstraction formelle à la figuration narrative, de la géométrie quantique à la poésie symboliste, Nagy Niké côtoie sans y penser le théoricien Rafael Javier Martinez Olmo ou le poète Jean Moréas. Chaque série de tableau, travaillée à l’ancienne, glacis après glacis, interprète une émotion ou restitue un instant. Suivant une étrange technique cinématographique de plans séquences et de noir au blanc.

En découle, de l’enfance qui fut à l’enfance qui demeure, une trajectoire plastique littéraire déterminante car déterminée. Depuis l’enfance sans doute. Jusqu’à l’enfance certainement. Car ici rien n’est vide de sens. Pas même l’absence évidente de prétexte conceptuel. Il n’y a que la couleur et le trait dans l’espace clos mais ouvert de la toile. Puis, de plus en plus souvent, le carré. Son format favori. Son révélateur. Son fixateur. Son passage d’une période à une autre. Tout peut alors commencer ou recommencer. Depuis la photo, sur le site. Ou l’image, sur la mémoire.

Dans l’Atelier refuge, tout est reparti d’une vieille photo de sa mère enfant, avec un merveilleux collier de perles. Ce collier qui va brutalement se défaire juste après la mort de la mère. Un nouveau besoin de peindre est né. Chaque tableau étant une perle, l’un des perles de ce collier défait.

De la rencontre avec les autres, à la rencontre avec soi-même. Comme Hans Hartung se retrouvant dans la mort de sa chère Anna-Eva Bergman. Anna-Eva la mystérieuse dont le travail justement s’apparente à celui de Nagy. De la rencontre avec les autres à la rencontre avec soi-même.
J’ai connu Hans Hartung et j’ai connu Anna-Eva Bergman. Je reconnais Nagy Niké dont les petits formats parfois cerclés d’or évoquent l’immensité de l’absence. Juste après la mort.

Le voyage perpétuel n’est ici qu’une métaphore. Encore et encore.

Dans l’atelier, machine à remonter le rêve, les pots de couleurs s’alignent. Comme autant de désirs d’ailleurs. Le pinceau vient.

Salvatore Lombardo

Pótkulcs

Fő tér 11.
Szentendre, Hungary 2000 Magyarország